Vivre au présent

Enfin ! Enfin les retrouvailles, la beauté, le plaisir – enfin le Festival, enfin Lanaudière ! C’est l’incarnation de tant des choses qui nous ont manqué depuis un an et demi, la joie d’être ensemble, de partager, de découvrir, la joie d’exister, tout simplement. Surgie des profondeurs du passé, recréée par la mystérieuse magie du travail des interprètes, la musique nous enjoint, ici et maintenant, à (re)vivre au présent.

Pensons d’abord à la Cinquième de Beethoven et à son motif initial, symbole de la lutte éternelle et implacable avec le destin. Dans notre concert inaugural, ce sont à la fois le cri de liberté de Florestan et les Métamorphoses de Strauss, métaphore d’un monde engagé sur une trajectoire de renouveau constant, de transformation perpétuelle, qui répondent à cette imprécation.

Ce n’est là que l’une des facettes de cette année à nulle autre pareille : un bouleversement des rythmes de l’humanité tel que la plupart d’entre nous n’en avait jamais encore connu. Si la pleine liberté du mouvement nous demeure toujours dérobée, nous retrouvons celle de la contemplation et de l’enracinement, du retour en nous-mêmes – les Grands Ballets et Brahms le démontreront de la plus poignante manière. Si nous manque toujours aussi la liberté du voyage, nous retrouvons celle du rêve – c’est l’Orchestre symphonique de Montréal et Jacques Lacombe qui nous y convient plus tard dans la saison, en deux programmes contrastés, aux couleurs exquises. Nous retrouvons enfin la liberté et la joie pure du chant, pour un rendez-vous incontournable avec le Chœur de l’OSM, en forme d’hymne à l’amour et à la nature.

La musique nous interpelle dans l’instant, viscéralement, elle s’adresse à nos émotions avant tout. Elle est le canal d’un fantastique dialogue avec nos semblables et avec nous-mêmes. En ce sens, l’extraordinaire message humaniste de Beethoven, dont 2020 marquait le 250e anniversaire de naissance, résonne avec force au Festival cette année – au-delà du concert d’ouverture, lors d’une intégrale exceptionnelle de ses concertos pour piano par Marc-André Hamelin.

Les Violons du Roy et Nicolas Ellis nous reviennent aussi, pour deux concerts, dont un périple un peu fou entre l’Italie baroque et les bars de Buenos Aires – car du génial Astor Piazzolla, cette année marque bel et bien le centenaire ! De la même manière, ce sont Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain qui nous entraînent sur les chemins du « nouveau monde » de Dvořák, conclusion grandiose de notre édition 2021.

Vous retrouvez certes cet été des amis fidèles du Festival – Nézet-Séguin, Lacombe, l’OSM, le Métropolitain, les Violons du Roy, Hamelin quatre fois plutôt qu’une – ils n’ont plus besoin de présentation. Les circonstances nous permettent d’aller plus loin encore, et de vous offrir les premiers concerts chez nous d’artistes canadiens de premier plan, dont les violonistes Kerson Leong et Andrew Wan, la claveciniste Mélisande McNabney, la soprano Rachel Fenlon, ou encore le violoncelliste Bryan Cheng, sans compter le retour de l’immense Karina Gauvin, trop longtemps absente de nos scènes.

Nous vous invitons à vous joindre à nous pour une saison comme aucune autre, véritablement incomparable – puis, selon la sagesse antique carpe diem, à « saisir le jour », et à ré-enchanter le monde avec nous.

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